Au cœur du monde des affaires, la concurrence est souvent perçue comme une force motrice permettant d’optimiser les performances des entreprises. Toutefois, certaines pratiques peuvent être considérées comme anti-concurrentielles et engendrer des conséquences juridiques majeures pour les acteurs économiques concernés. Découvrez dans cet article une analyse détaillée des principales pratiques anti-concurrentielles et les enjeux qui y sont associés.
Les ententes illicites entre entreprises
Les ententes illicites sont l’un des principaux types de pratiques anti-concurrentielles. Elles se matérialisent par des accords entre concurrents visant à fausser la concurrence sur un marché donné. Les ententes peuvent prendre diverses formes, telles que la fixation de prix, le partage du marché ou encore la limitation de la production.
Selon l’article 101 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), ces pratiques sont illégales et passibles de sanctions financières élevées. De même, en France, l’article L420-1 du Code de commerce interdit les ententes ayant pour objet ou pour effet d’empêcher, restreindre ou fausser le jeu de la concurrence.
Un exemple notable d’entente illicite est celui du « cartel du camembert », où plusieurs producteurs français ont été condamnés en 2015 pour s’être entendus sur les prix de vente.
Les abus de position dominante
Les abus de position dominante sont une autre forme de pratiques anti-concurrentielles, où une entreprise en situation de position dominante sur un marché exploite cette position à des fins anticoncurrentielles. L’abus peut résulter d’une pratique d’éviction, de discrimination ou encore d’exploitation.
L’article 102 du TFUE et l’article L420-2 du Code de commerce prohibent les abus de position dominante. Les sanctions encourues peuvent être très lourdes, allant jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires mondial consolidé de l’entreprise concernée.
Un exemple marquant est celui de la condamnation d’Intel en 2009 par la Commission européenne pour avoir accordé des remises exclusives à certains fabricants d’ordinateurs afin qu’ils n’utilisent que ses processeurs, au détriment de la concurrence.
Les concentrations anticoncurrentielles
En matière économique, les concentrations (ou fusions-acquisitions) peuvent également engendrer des pratiques anti-concurrentielles si elles ont pour effet de renforcer significativement une position dominante ou de créer un monopole sur un marché. Les autorités chargées du contrôle des concentrations examinent les opérations envisagées pour déterminer si elles sont susceptibles d’affecter négativement la concurrence.
Au niveau européen, le règlement (CE) n°139/2004 encadre le contrôle des concentrations. En France, c’est l’Autorité de la concurrence qui est compétente en la matière en vertu des articles L430-1 et suivants du Code de commerce.
Un exemple récent est celui de l’échec du projet de fusion entre les groupes ferroviaires Alstom et Siemens en 2019, bloqué par la Commission européenne pour raisons de concurrence.
Les pratiques anticoncurrentielles dans les marchés publics
Le secteur des marchés publics n’est pas épargné par les pratiques anti-concurrentielles. Les ententes entre soumissionnaires, les pratiques de sous-traitance abusive ou encore le favoritisme peuvent fausser la libre concurrence dans l’attribution des contrats publics.
En France, l’article L2141-3 du Code de la commande publique prévoit que les candidats ayant participé à une pratique anticoncurrentielle sont exclus de la procédure d’attribution d’un marché public. De plus, ces pratiques peuvent être sanctionnées par les autorités compétentes en matière de concurrence.
Un exemple marquant est celui de l’affaire dite « des marchés truqués » dans le secteur du BTP en Île-de-France, où plusieurs entreprises ont été condamnées pour entente illicite dans le cadre de l’attribution de marchés publics.
Rôle et pouvoirs des autorités chargées de la concurrence
Les autorités chargées de la concurrence, telles que la Commission européenne au niveau européen et l’Autorité de la concurrence en France, jouent un rôle crucial dans la lutte contre les pratiques anti-concurrentielles. Elles disposent de larges pouvoirs d’enquête et de sanction pour prévenir et réprimer ces pratiques.
Il est important pour les entreprises de se conformer aux règles de la concurrence, notamment en mettant en place des programmes de compliance internes, afin d’éviter les risques juridiques et financiers liés aux pratiques anti-concurrentielles.
Pour mieux appréhender les enjeux liés aux pratiques anti-concurrentielles, il convient d’analyser les différents types de pratiques concernées (ententes illicites, abus de position dominante, concentrations anticoncurrentielles, pratiques anticoncurrentielles dans les marchés publics), ainsi que le rôle et les pouvoirs des autorités chargées de la concurrence. Les entreprises doivent rester vigilantes et adopter des programmes de compliance appropriés pour éviter les sanctions potentiellement lourdes associées à ces pratiques.
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